L’OFNAC : payé à ne rien faire ?
L’OFNAC est-il un simple organe de plus? La question mérite d’être posée si l’on se fie à la kyrielle de dossiers déposés sur sa table et qui ne connaissent guère de suite. En décembre 2014, l’Alliance Sauver le Sénégal (ASS) avait attrait le frère du président de la République Aliou Sall, ainsi que Franck Timis de Timis Corporation à la barre de l’OFNAC. Babacar Mbaye Ngaraf et Cie invitaient les services de Nafy Ngom Keïta à mener une enquête sur les transferts et ventes d’actions entre Petro-Tim Sénégal, Petro-Tim Limited, Timis Corporation et Kosmos Energy.
« A combien l’Etat du Sénégal a cédé cette licence à Petro-Tim Limited ? Combien Timis Corporation a versé au Sénégal après avoir obtenu les 200 milliards de francs CFA ? Quelle serait la part d’Alioune Sall dans les 30 % d’actions ? Tant de questions soulevées par les plaignants, mais qui sont restées sans réponse, un an après. Une autre affaire qui a mis à l’épreuve la crédibilité de l’OFNAC : la saisine adressée à sa présidente au mois d’août dernier pour diligenter une enquête sur les fonds de la Goana (Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance). Saisie officiellement pour diligenter une enquête après avoir affirmé détenir des documents attestant le détournement des milliards de la Goana, Nafy Ngom semble pourtant traîner les pieds, alors que ses propos sur la nébuleuse autour de la gestion des fonds de la Goana sont sans équivoque.
«On met 40% du budget de fonctionnement dans l’éducation et on n’a pas de résultats. L’agriculture aussi. Moi, je sais et j’ai des documents. Si on n’avait pas détourné les milliards que le Président Wade a mis dans la Goana, on aurait atteint l’autosuffisance», déclarait-elle lors d’une rencontre organisée par le Réseau des institutions nationales de lutte contre la corruption en Afrique de l’Ouest. Alors, la question qui brûle les lèvres est : qu’est-ce qui bloque la machine de Mme Keïta ?
Certes, en janvier dernier, suite à une enquête qui a fait épingler le chef des services des transports routiers de Louga pour corruption, l’office avait ouvert une enquête pour déterminer le niveau d’implication de tous les agents. Et le Directeur des transports terrestres a été entendu par les enquêteurs de l’Ofnac. L’organe dirigé par Nafy Ngom Keïta s’était ainsi offert une belle occasion de prouver que l’Ofnac n’est pas un simple organe de plus, comme le considère ainsi l’ancien directeur de cabinet de Wade, Habib Sy qui ne semble pas voir la pertinence de la création d’un tel organe. «Il y a tellement d’organes de contrôle qu’on n’a pas besoin d’en créer davantage», estime-t-il. Avant d’ajouter : «Nafy Ngom en tant que vérificateur de l’Ige, faisait déjà du bon travail. Je me demande pourquoi on n’a pas confié toutes ces missions de l’Ofnac à l’Ige au lieu de créer d’autres structures qui vont alimenter la polémique et dont l’efficacité n’est pas garantie ».