France: Hidalgo annonce la création d'un camp de migrants à Paris
La maire de Paris, Anne Hidalgo, annonce son intention d’ouvrir à Paris dans les semaines à venir un campement de migrants sur le modèle de celui de Grande-Synthe, près de Dunkerque, pour faire face selon elle à une urgence sanitaire.
Depuis plus d’un an, Paris voit se multiplier les camps sauvages de migrants. Sous le métro aérien, dans des jardins publics ou des bâtiments inoccupés, ces installations insalubres sont finalement démantelées par les autorités.
Mais les camps réapparaissent un peu plus loin, voire sur des emplacements déjà occupés auparavant. Et pour la maire de la capitale, « nous ne pouvons plus accepter la situation humanitaire, la situation sanitaire à laquelle (les réfugiés et migrants) sont aujourd’hui réduits ».
« Nous n’avons pas de réponse suffisante pour accueillir dignement ces personnes », insiste Anne Hidalgo, qui veut donc trouver un terrain dans le nord de Paris pour accueillir un camp probablement composé de petits bâtiments de type modulables. L’édile table sur une ouverture d’ici un mois et demi. « Nous allons prendre les choses en main. »
Hidalgo espère que l’Etat soit partenaire
Quant à la question du financement, l’élue socialiste en appelle au gouvernement : « nous prenons les devants », a-t-elle déclaré, « et nous entraînerons, je l’espère, l’Etat ». Mais aux yeux de l’exécutif, le camp n’est pas une solution. Il préconise un accueil dans des structures en dur et il lui a fallu plusieurs mois pour accepter de prendre en charge les frais de fonctionnement du camp de Grande-Synthe. Toutefois, face à l’ampleur de la crise migratoire, les places en centre d’accueil ne sont pas assez nombreuses et la maire de Paris estime ne plus être « en situation d’attendre que d’autres agissent ».
Réactions
La décision d’Anne Hidalgo a été saluée à gauche, notamment par le député socialiste de Paris, Pascal Cherki, qui y voit aussi un message fort. « Quand la maire de Paris fait cela elle dit : « Paris prendra sa part du fardeau ». Paris est la capitale de la France, c’est emblématique, souligne-t-il. Et d’avoir un camp avec des normes acceptables, humaines, conformes aux standards internationaux, c’est quand même mieux que de laisser les gens vadrouiller comme ça dans des tentes, dans des endroits où leur santé et leur sécurité ne sont pas forcément assurées. »
Mais si ce camp répond à une urgence sanitaire, il ne doit pas être la seule réponse des autorités, estime Mathilde Berthelot, responsable du programme Migrants à MSF. « Il y a une vraie urgence ne termes de précarité et de conditions de vie. C’est une urgence pour les individus, confirme-t-elle. Ensuite, la ville de Paris à quand même des moyens, et il ne faut pas uniquement répondre dans l’urgence en allant trop vite parce que si les choses sont mal faites, les gens vont revenir sur ces lieux informels. » Elle dénonce par ailleurs l’absence de consultation auprès des bénévoles et des associations. Avant de conclure : « Ça risque d’aller à l’échec. »
Un échec, c’est ainsi que le député Les Républicains Eric Ciotti qualifie aussi ce projet de camp. « C’est une faute tragique. Créer un camp de migrants à Paris alors que le ministre de l’Intérieur ferme aujourd’hui Grande-Synthe, c’est une erreur et une faute, accuse-t-il. On va laisser au cœur ou à proximité de Paris s’installer à nouveau, comme à calais, une zone de non-droit. C’est exactement l’inverse qu’il faut faire. » Pour le député de droite, les demandeurs d’asile doivent être placés en centres d’accueil et les réfugiés en situation illéagle reconduits dans pays d’origine. Selon lui, « il n’y a pas d’autre attitude à avoir. »
(avec rfi)