Coumba Gawlo Seck : « L’Assemblée Nationale n’est ni une foire, ni un marché… »
Après le bouclage de la célébration de son quart de siècle de musique, l’artiste compositrice, Coumba Gawlo Seck, s’est penchée sur les faits saillants de l’actualité lors d’une conférence de presse qu’elle a tenue ce mercredi 28 octobre 2015.
Parlant du dernier classement du Sénégal parmi les pays les plus pauvres, Coumba Gawlo Seck dira : « j’ai été à la fois attristée et choquée de ce sondage. Il s’agit d’une enquête qui révèle que le Sénégal fait partie des pays les plus pauvres. Cette information donnée par le FMI ne contribue pas à aider le pays et cela peut faire fuir les investisseurs ».
La polémique qui enfle à l’Assemblée nationale a également été au centre de ses préoccupations. « Quand des adultes sont ensemble, il faut qu’ils sachent s’entendre et savoir régler les problèmes de la manière la plus sereine possible. L’Assemblée nationale n’est ni une foire ni un marché. Et s’il y en a vraiment qui confondent l’hémicycle au marché ou à la foire, ces personnes n’y ont pas leurs places. On devrait vraiment les changer, puisque ces personnes sont censées représenter le peuple. L’institution représente le peuple et on doit donner le bon exemple », dit-elle.
Aux membres du Parti démocratique sénégalais (Pds), la chanteuse enseigne que « le linge sale se lave en famille et il est très important, aujourd’hui, pour le parti comme tout autre parti, de s’organiser pour mieux s’entendre ». « Chaque rassemblement peut toujours connaitre des difficultés, c’est comme chaque famille d’ailleurs. Le tout c’est de rester fort et discuter pour s’en sortir. Je ne suis ni membre du Pds, je ne fréquente non plus leurs réunions, mais j’ose espérer que ce parti, qui a vécu plusieurs décennies avec un homme comme Abdoulaye Wade assez fort mentalement et assez intelligent, pourra s’en sortir », analyse-t-elle.
Elle a également appelé les Sénégalais à mieux prendre en charge leur cadre de vie. « L’image de Dakar n’est pas très jolie. Il est très important que les autorités s’assoient autour d’une table avec les personnes qui nettoient la ville pour discuter et trouver une solution pour que ces gens-là soient davantage motivés. On voit tous les jours les moyens qu’on met là où il ne faut pas. Et aujourd’hui, les secteurs qu’il faut vraiment investir sont le secteur de l’éducation, de la santé et de l’hygiène parce que s’il y a des problèmes d’hygiène, il y aura naturellement des problèmes de santé », dit-elle.
Plaidant pour les ramasseurs d’ordures, elle dira que « les hommes qui débarrassent les ordures n’ont aucun moyen pour faire leur travail. Ils ne sont pas protégés. Ils n’ont pas de gants ni de masques. Ils se couchent parfois même sur les ordures ménagères. Quel que soit le problème, ces hommes méritent qu’on leur paie leurs salaires dignement ».
La récente actualité dans les prisons, avec des détenus qui entament une grève de la faim pour protester contre leurs longues détentions, a aussi été évoquée par la chanteuse.
« Rien que le fait d’être privé de sa liberté est assez douloureux. Quand on y ajoute des faits qui les poussent à aller jusqu’à mener une grève de la faim, ça devient encore plus douloureux. Nos dirigeants doivent avoir beaucoup plus de sens d’écoute et beaucoup plus d’attention pour regarder de plus près ce qui se passe pour que ces gens-là, afin que, en dehors d’être privés de leur liberté, ils ne puissent pas être privés d’autres choses qui mènent à de tels actes. Il faut construire des prisons pour permettre à ces gens de vivre dans des conditions correctes et dignes. Car il y a un minimum d’infrastructures et d’organisation à mettre en place pour le respect des droits de ces personnes emprisonnées », plaide-t-elle.
Parlant de sa carrière, Coumba Gawlo Seck se dit chanceuse, car il n’est pas donné à tout le monde cette chance extraordinaire de faire un quart de siècle de carrière tout en gardant la tête sur les épaules.
« Aujourd’hui, je fais un excellent bilan de mes 25 ans de carrière et je rends grâce à Dieu. Au cours de ces 25 ans, j’ai monté des entreprises au sein desquels évoluent des hommes et des femmes. Ce qui leur permet de gagner leur vie. Donc je contribue naturellement au développement et à l’économie de mon pays », dit-elle.